mardi 14 juin 2011

Timidement

Les mots inspirent, enchantent.

En petit bonhomme sur mon lit, j'alterne entre la lourde et rude analyse du discours publicitaire et son influence sur l'enfance dans la société argentine, et les jolis miroirs de Marina Colasanti.

J'étudie; avec plaisir, avec doutes et peurs.

Timidement. Dans la classe, je note mon intervention, je lève à peine la main, je me sens toute petite. Tout sortira à l'envers, en français, avec un accent chilien.

J'étudie la langue. Pas de surprise, j'aime la langue, les langues qui se goûtent et les langues qui créent.

En espagnol, il y a trois façons de dire je t'aime. Me gustas, te quiero, te amo. Évidemment, je suis confuse.

Et la langue constitue l'univers, définit les sujets, les modèle et les déconstruit. Mon univers se transforme un peu chaque jour.

Je questionne les propositions subordonnées relatives et les conjonctions de coordination.

Je lis et vis autrement, les "nous", les "ils" "eux" et "elles". Avec des "x" de trans et les discours hégémoniques de Bourdieu.

Je ris dans mes poils les textes de l'école française traduit à l'espagnol. Bienveniste, Maingueneau, Ducrot.

Je rêve d'une imprimante et de la bibliothèque nationale.

J’interprète et constate ma différence, constante. J'écoute des artistes se masturber les méninges en comparant l'essentiel du discours de Borges sur l'aristocratie et son rapport aux politiques radicales.

Je regarde avec plaisir mon voisin de droite et la pertinence de ses interventions.

Le cadenas de ma bicyclette est brisé, et je mange des empanadas à la cafétéria.

Je suis de retour à l'école.

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