lundi 21 février 2011

Jusqu'à en mourir

Je suis devant mon personal computer, dans un appartement à Flores à Buenos Aires, à me plaindre de la chaleur et de ma paresse d'aller au supermercado qui est à moins d'un coin de rue. J'écoute du Chopin. Tout ça en regardant des photos sur un site qui s'appelle "totally coolpix" sur ce qui se passe en Égypte, en Libye, au Bahreïn.

Je suis accompagnée par mes réflexions sur la Violence, et cette fameuse idée que c'est un des meilleurs chemins pour arriver à cette autre et ô combien plus fameuse révolution sociale.

Je sais que dans la même journée, j'ai fait une session Skype avec mon ami ingénieur sonore qui vit désormais à Berlin, juste avant de tomber par hasard sur un guide de défense contre les policiers, en arabe dans mon reader.

Je continue à me questionner; sur le rôle de ces dites images, de ce qu’elles signifient. Et surtout sur la façon dont je peux et dont je veux participer à ces narratifs, ou du moins, exprimer et expliquer ma solidarité, mon appui.

Je tente du haut de mes 26 ans de jugement, de distinguer le vrai du faux. De chercher à avoir accès aux narratifs de femmes, aux narratifs de trans.

J'essaie de voir comment dans les moments critiques, quand l'Histoire se fait un peu plus que d'habitude, on peut arriver à plus qu'une "réforme" du système. Parce que les Moubarak, Kadhafi, Gbagbo, Ouatarra, Compaoré et autres chefs d'état arabes et africains qui se maintiennent l'un l'autre comme s’ils étaient des membres du G8, ne peuvent pas être et ne sont pas l'unique cause du problème.

Et pour des problèmes complexes, on doit penser, imaginer, créer des solutions complexes.

Et je me retrouve à lire de vieux travaux universitaires sur le panarabisme et je pense au cours de Gada sur l'activisme transnational.

Mes réflexions sont ouvertes, je suis certaine de vouloir exprimer ma solidarité avec les Arabes en révolte. Je doute de à qui l’exprimer plus particulièrement.

Mais la question centrale est plutôt le comment. Avec toutes ces personnalités virtuelles, on prend des chemins étranges, irréfléchis, on usurpe des identités, on viole nos codes d'étiques. On ne demande pas à tous ces visages s'ils ont d'accord d'être le symbole de notre solidarité. On oublie aussi les risques que ça peut créer.

Mais je continue à regarder les images, de gens qui sont en train de lutter jusqu'à en mourir, en haute définition.

Et ça satisfait une soif de symbole et de changement. Un sorte de voyeurisme difficile à soutenir, en tant que jeune activiste féministe of colour.

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